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HIER ET DEMAIN.

verses branches du journal, Francis Benett passa au salon de réception, où l’attendaient les ambassadeurs et ministres plénipotentiaires, accrédités près du gouvernement américain. Ces messieurs venaient chercher les conseils du tout-puissant directeur. Au moment où Francis Benett entrait dans ce salon, on y discutait avec une certaine vivacité.

« Que Votre Excellence me pardonne, disait l’ambassadeur de France à l’ambassadeur de Russie, mais je ne vois rien à changer à la carte de l’Europe. Le Nord aux Slaves, soit ! Mais le Midi aux Latins ! Notre commune frontière du Rhin me paraît excellente ! D’ailleurs, sachez-le bien, mon gouvernement résistera à toute entreprise qui serait faite contre nos préfectures de Rome, de Madrid et de Vienne !

— Bien parlé ! dit Francis Benett, en intervenant dans le débat. Comment, monsieur l’Ambassadeur de Russie, vous n’êtes pas satisfait de votre vaste empire, qui, des bords du Rhin, s’étend jusqu’aux frontières de la Chine, un empire dont l’Océan glacial, l’Atlantique, la mer Noire, le Bosphore, l’Océan indien, baignent l’immense littoral ? Et puis, à quoi bon des menaces ? La guerre est-elle possible avec les inventions modernes, ces obus asphyxiants qu’on envoie à des distances de cent kilomètres, ces étincelles électriques, longues de vingt lieues, qui peuvent anéantir d’un seul coup