Page:Verne - Hier et demain, 1910.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
HIER ET DEMAIN.

« Quand je songe, répétait le prince, que c’est encore à cette fée maudite qu’ils doivent leur nouvelle transformation !

— Eh ! tant mieux, répondait Gardafour. Ils seront maintenant plus faciles à prendre. Des poissons, cela s’échappe trop aisément. À présent, les voilà rats ou rates, et nous saurons bien nous en emparer, et, une fois en votre pouvoir, ajouta l’enchanteur, la belle Ratine finira par être folle de votre seigneurie.

À ce discours, le fat se rengorgeait, se pavanait, lançait des œillades aux jolies rates en promenade.

— Gardafour, dit-il, tout est prêt ?

— Tout, mon prince, et Ratine n’échappera pas au piège que je lui ai tendu.

Et Gardafour montrait un élégant berceau de feuillage, disposé au coin de la place.

— Ce berceau cache un piège, dit-il, et je vous promets que la belle sera aujourd’hui même dans le palais de votre seigneurie, où elle ne pourra résister aux grâces de votre esprit et aux séductions de votre personne.

Et l’imbécile de gober ces grosses flatteries de l’enchanteur !

— La voilà, dit Gardafour. Venez, mon prince, il ne faut pas qu’elle nous aperçoive. »

Tous deux gagnèrent la rue voisine.

C’était Ratine, en effet, mais Ratin l’ac-