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HIER ET DEMAIN.

sous un ciel de l’Orient. L’oreille s’emplit d’harmonies paradisiaques. Le nez aspire des parfums enivrants, distillés par des milliards de fleurs. Les lèvres se parfument d’un air chargé de la saveur des fruits les plus délicieux.

Enfin toute l’heureuse famille est dans l’extase, à ce point que Raton, le père Raton lui-même ne sent plus sa goutte. Il est guéri et envoie au diable sa bonne béquille !

« Et ! s’écrie la duchesse Ratonne, vous n’êtes donc plus goutteux, mon cher ?

— Il parait, dit Raton, et me voilà débarrassé…

— Mon père ! s’écrie la princesse Ratine.

— Ah ! monsieur Raton !… ajoutent Rata et Ratane.

Aussitôt la fée Firmenta s’avance, disant :

— En effet, Raton, il ne dépend plus que de vous maintenant de devenir un homme, et, si vous le voulez, je puis…

— Homme, madame la fée ?…

— Eh oui ! riposte dame Ratonne, homme et duc, comme je suis femme et duchesse !…

— Ma foi, non ! répond notre philosophe. Rat je suis et rat je demeurerai. Cela est préférable, à mon sens, et, comme le disait ou le dira le poète Ménandre, chien, cheval, bœuf, âne, tout vaut mieux que d’être homme, ne vous en déplaise ! »