phins descendus du ciel sont d’un sexe ou de l’autre ?
III
La maîtrise de notre bourgade avait grande réputation, grâce à son directeur, l’organiste Eglisak. Quel maître de solfège, et quelle habileté il mettait à nous faire vocaliser ! Comme il nous apprenait la mesure, la valeur des notes, la tonalité, la modalité, la composition de la gamme ! Très fort, très fort, le digne Eglisak. On disait que c’était un musicien de génie, un contrapontiste sans rival, et qu’il avait fait une fugue extraordinaire, une fugue à quatre parties.
Comme nous ne savions pas trop ce que c’était, nous le lui demandâmes un jour.
— Une fugue, répondit-il, en redressant sa tête en forme de coquille de contrebasse.
— C’est un morceau de musique ? dis-je.
— De musique transcendante, mon garçon.
— Nous voudrions bien l’entendre, s’écria un petit Italien, du nom de Farina, doué d’une jolie voix de haute-contre, et qui montait… montait… jusqu’au ciel.
— Oui, ajouta un petit Allemand, Albert Hoct, dont la voix descendait… descendait… jusqu’au fond de la terre.