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M. RÉ-DIÈZE ET Mlle MI-BÉMOL.

les réparations peuvent être achevées, et, si vous le voulez, Noël venue, je tiendrai l’orgue… »

Et en disant cela, il agitait ses doigts interminables, il les décraquait aux phalanges, il les détirait comme des gaines de caoutchouc.

Le curé remercia l’artiste en bons termes et lui demanda ce qu’il pensait de l’orgue de Kalfermatt.

— Il est bon, répondit maître Effarane, mais incomplet.

— Et que lui manque-t-il donc ? N’a-t-il pas vingt-quatre jeux, sans oublier le jeu des voix humaines ?

— Eh ! ce qui lui manque, monsieur le Curé, c’est précisément un registre que j’ai inventé, et dont je cherche à doter ces instruments.

— Lequel ?

— Le registre des voix enfantines, répliqua le singulier personnage en redressant sa longue taille. Oui ! j’ai imaginé ce perfectionnement. Ce sera l’idéal, et alors mon nom dépassera les noms des Fabri, des Kleng, des Erhart Smid, des André, des Castendorfer, des Krebs, des Müller, des Agricola, des Kranz ; les noms des Antegnati, des Costanzo, des Graziadei, des Serassi, des Tronci, des Nanchinini, des Callido ; les noms des Sébastien Érard, des Abbey, des Cavaillé-Coll… »

M. le Curé dut croire que la nomencla-