Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/101

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de Ciandu, le Chang-tou actuel, que la relation nomme ailleurs Clemen-fou. C’est là que les envoyés du pape furent reçus par Kublaï-Khan, qui habitait alors cette résidence d’été, située au delà de la grande muraille, au nord de Cambaluc, devenu maintenant Péking, et qui était la capitale de l’empire. Le voyageur parle peu de la réception qui lui fut faite, mais il décrit avec un soin tout particulier le palais du khan, grande construction de pierre et de marbre dont les chambres sont toutes dorées. Ce palais est bâti au milieu d’un parc entoure de murs, où se voient des ménageries et des fontaines, et même un bâtiment construit en roseaux si bien entrelacés qu’ils sont impénétrables à l’eau ; c’était une sorte de kiosque qui pouvait se démonter, et que le grand khan habitait pendant les mois de juin, de juillet et d’août, c’est-à-dire pendant la belle saison. Cette saison ne pouvait manquer d’être belle, en effet, car, au dire de Marco Polo, des astrologues, attachés à la personne du khan, étaient chargés de dissiper, par leurs sortilèges, toute pluie, tout brouillard ou mauvais temps. Le voyageur vénitien n’a pas l’air de mettre en doute le pouvoir de ces magiciens. « Ces sages hommes, dit-il, sont de deux races, tous idolâtres ; ils savent des arts diaboliques et des enchantements plus que tous les autres hommes ; et ce qu’ils font, ils le font par le secours du diable, mais ils font croire aux autres hommes qu’ils le font par sainteté et par l’œuvre de Dieu. Ces gens ont un usage que voici : lorsqu’un homme est condamné à mort et exécuté, ils le prennent, le font