Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/152

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peuples, dont il admira partout les richesses, l’industrie et la civilisation, mais il ne s’avança pas jusqu’à la grande muraille, qu’il appelle « l’obstacle de Gog et de Magog. » C’est en explorant ainsi ces pays immenses, qu’il séjourna dans la grande cité de Chensi, qui comprenait six villes fortifiées. Les hasards de ses pérégrinations lui permirent d’assister aux funérailles d’un khan qui fut enterré en compagnie de quatre esclaves, de six favoris et de quatre chevaux.

Sur ces entrefaites, des troubles éclatèrent à Zaïtem, et obligèrent Ibn Batuta à quitter cette ville. Le voyageur arabe s’embarqua pour Sumatra, et de là, touchant à Calicut et à Ormuz, il rentra à la Mecque en l’an 1348, après avoir fait le tour de la Perse et de la Syrie.

L’heure du repos n’avait pas encore sonné pour cet infatigable explorateur. L’année suivante, il revoyait Tanger, sa ville natale : puis, après avoir visité les contrées méridionales de l’Espagne, il revenait au Maroc, s’enfonçait dans le Soudan, parcourait les pays arrosés par le Niger, traversait le grand désert, entrait à Tembouctou, faisant ainsi un trajet qui eût suffi à illustrer un voyageur moins ambitieux.

Ce devait être sa dernière expédition. En 1353, vingt-neuf ans après avoir quitté Tanger pour la première fois, il rentrait au Maroc et se fixait à Fez. ibn Batuta mérite la réputation du plus intrépide explorateur du quatorzième siècle, et la postérité n’est que juste en inscrivant immédiatement son nom après celui de Marco Polo, l’illustre Vénitien.