Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/162

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Très malheureusement, ces vingt mille maravédis furent confiés à un homme de peu de foi, qui s’enfuit en France en emportant le don du roi de Castille.

Cependant, Jean de Béthencourt obtint encore de Henri III un navire bien gréé, monté par quatre-vingts hommes d’équipage, et approvisionné de vivres, d’armes et d’outils. Jean de Béthencourt, fort reconnaissant de la générosité du roi, écrivit à Gadifer le récit de tout ce qu’il avait fait, son extrême irritation, et son « ébahissement » en apprenant la conduite de ce Berneval en qui il avait confiance, et il lui annonça le prochain départ du navire donné par le roi de Castille.

Pendant ce temps, des événements assez graves se passaient à l’île Lancerote. Le roi Guadarfia, blessé des procédés du traître Berneval à son égard, s’était révolté, et quelques-uns des compagnons de Gadifer avaient été tués par les Canariens. Gadifer était résolu à exiger la punition des coupables, quand un parent du roi, l’indigène Ache, vint lui proposer de s’emparer de Guadarfia et de le détrôner à son profit. Cet Ache n’était qu’un fourbe qui, après avoir trahi son roi, se proposait de trahir les Normands et de les chasser du pays.. Gadifer, ne soupçonnant pas ses mauvaises intentions et voulant venger la mort des siens, accepta les propositions d’Ache, et, quelque temps après, la veille de la Sainte-Catherine, le roi, surpris, était conduit au fort, où il fut enchaîné.

Quelques jours après, Ache, nouvellement proclamé souverain de l’île, attaqua les compagnons de Gadifer,