Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/168

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déjà fait hommage au roi de Castille des îles de Canarie, et que vous vous en disiez tout à fait seigneur.

— A l’égard de ce que vous dites, répondit Jean de Béthencourt, il est bien vrai que j’en ai fait hommage et que je m’en regarde aussi comme le vrai seigneur, puisqu’il plaît au roi de Castille. Mais, s’il vous plaît d’attendre la fin de notre affaire, pour vous contenter, je vous donnerai et laisserai telle chose dont vous serez content.

— Je ne resterai pas longtemps en ce pays, répondit Gadifer, car il faut que je m’en retourne en France. Je ne veux plus rester ici. »

Là-dessus, les deux chevaliers se séparèrent ; mais Gadifer s’apaisa peu à peu et ne refusa pas d’accompagner Jean de Béthencourt pendant son exploration de l’archipel canarien.

Le baron de Béthencourt, bien approvisionné et bien armé, fit voile pour Fortaventure. Il resta trois mois dans cette île, et, pour son début, il s’empara d’un grand nombre d’indigènes qu’il fit transporter à l’île Lancerote. On ne s’étonnera pas de cette façon de procéder, qui était très-naturelle à une époque où tous les explorateurs en agissaient ainsi. Pendant son séjour, le baron parcourut toute l’île, après s’être fortifié contre les attaques des indigènes, qui étaient des gens de grande stature, forts et bien fermes en leur loi. Une citadelle, nommée Richeroque, dont on voit encore les traces au milieu d’un hameau, fut bâtie sur la pente d’une haute montagne.