Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/178

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vernement de la justice. Il ordonna aussi que, deux fois l’an, des nouvelles lui fussent adressées en Normandie, et que le revenu de Lancerote et de Fortaventure fût employé à la construction de deux églises.

Et il dit à son neveu Maciot : « En outre, je vous donne plein pouvoir et autorité qu’en toutes choses que vous jugerez profitables et honnêtes, vous ordonniez et fassiez faire, en sauvant mon honneur d’abord et mon profit. Qu’au plus près que vous pourrez, vous suiviez les coutumes de France et de Normandie, c’est-à-dire en justice et en autre chose que vous verrez bonne à faire. Aussi, je vous prie et charge que le plus que vous pourrez, vous ayez paix et union ensemble, que vous vous entr’aimiez tous comme frères, et spécialement qu’entre vous, gentilshommes, vous n’ayez point d’envie les uns contre les autres. Je vous ai à chacun ordonné votre fait : le pays est assez large ; apaisez-vous l’un l’autre, et appartenez-vous l’un à l’autre. Je ne saurais plus que vous dire, si ce n’est que principalement vous ayez paix ensemble, et tout se portera bien. »

Le baron de Béthencourt resta trois mois dans l’île Fortaventure et dans les autres îles. Il chevauchait sur sa mule, s’entretenant avec les gens du pays, qui commençaient à parler la langue normande. Maciot et d’autres gentilshommes l’accompagnaient. Il leur indiquait les bonnes choses à faire, les mesures honnêtes à prendre. Puis, quand il eut bien exploré cet archipel qu’il avait conquis, il fit crier qu’il partirait pour Rome le 15 décembre de la présente année.