Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/191

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et périlleuse. D’ailleurs, ces « voies terrestres » ne peuvent jamais devenir commerçantes ; les transports y sont trop difficiles et trop coûteux. Il fallait trouver une communication plus pratique. Aussi tous les peuples du littoral européen, depuis l’Angleterre jusqu’à l’Espagne, toutes les populations riveraines de la Méditerranée, voyant les grands chemins de l’Atlantique ouverts devant leurs vaisseaux, devaient se demander et se demandaient en effet s’ils ne conduisaient pas aux rivages de l’Asie.

La sphéricité de la terre étant démontrée, ce raisonnement était juste. En gagnant toujours vers l’ouest, on devait nécessairement arriver à l’est. Quant à la route à travers l’Océan, elle ne pouvait manquer d’être libre. En effet, qui eût jamais soupçonné l’existence de cet obstacle, long de trois mille deux cent cinquante lieues, jeté entre l’Europe et l’Asie, et qui s’est appelé l’Amérique ?

Il faut observer, d’ailleurs, que les savants du moyen âge ne croyaient pas que les rivages de l’Asie fussent situés à plus de deux mille lieues des rivages de l’Europe. Aristote supposait le globe terrestre plus petit qu’il n’est réellement. « Combien y a-t-il depuis les derniers rivages de l’Espagne jusqu’à l’Inde ? disait Sénèque. L’espace de très-peu de jours, si le vent est favorable au vaisseau. » C’était aussi l’opinion de Strabon. Cette route entre l’Europe et l’Asie devait être courte. De plus, des points de relâche tels que les Açores et ces îles Antilia dont on admettait l’existence,