Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/243

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Sur ces entrefaites, Antoine de Torrès, envoyé par le roi et la reine pour complimenter Colomb, arriva à Saint-Domingue avec quatre vaisseaux. Ferdinand se déclarait très satisfait des succès de l’Amiral, et il venait d’établir un service mensuel de transport entre l’Espagne et l’île Espagnole.

Cependant, l’enlèvement de Caonabo avait excité une révolte générale des indigènes. Ceux-ci prétendaient venger leur chef outragé et injustement déporté. Seul, le cacique Guacanagari, malgré la part qu’il avait prise au meurtre des premiers colons, demeurait fidèle aux Espagnols. Christophe Colomb, accompagné de don Barthélémy et du cacique, marcha contre, les rebelles. Il rencontra bientôt une armée de naturels dont le chiffre, évidemment exagéré, est porté par lui à cent mille hommes. Quoi qu’il en soit, cette armée fut mise en déroute par un simple détachement composé de deux cents fantassins, vingt-cinq chiens et vingt-cinq cavaliers. Cette victoire rétablit, en apparence, l’autorité de l’Amiral. Un tribut fut imposé aux vaincus. Les Indiens, voisins des mines, durent payer de trois mois en trois mois une petite mesure d’or, et les autres, plus éloignés, vingt-cinq livres de coton. Mais la révolte n’était que comprimée, et non éteinte. À la voix d’une femme, Anacaona, veuve de Caonabo, les indigènes se soulevèrent une seconde fois ; ils parvinrent même à entraîner dans leur révolte Guacanagari, jusque-là fidèle à Colomb ; puis, détruisant les champs de maïs et toutes les plantations, ils se rejeté-