Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/246

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alisés. Le 11 juin, la terre d’Europe fut signalée, et le lendemain les caravelles entraient dans le port de Cadix.

Ce second retour du grand navigateur ne fut pas salué comme le premier par l’empressement des populations. À l’enthousiasme avaient succédé la froideur et l’envie. Les compagnons de l’Amiral eux-mêmes prenaient parti contre lui. En effet, découragés, désillusionnés, ne rapportant pas cette fortune pour laquelle ils avaient couru tant de dangers et subi tant de fatigues, ils se montraient injustes. Pourtant, ce n’était pas la faute de Colomb si les mines exploitées jusqu’ici coûtaient plus qu’elles ne rendaient.

Cependant, l’Amiral fut reçu à la cour avec une certaine faveur. Le récit de son second voyage ramena vers lui les esprits égarés. En somme, pendant cette expédition, n’avait-il pas découvert les îles Dominique, Marie-Galante, Guadeloupe, Monserrat, Sainte-Marie, Sainte-Croix, Porto-Rico, Jamaïque ? N’avait-il pas opéré une nouvelle reconnaissance de Cuba et de Saint-Domingue ? Colomb combattit donc vivement ses adversaires, et il employa même contre eux l’arme de la plaisanterie. À ceux qui niaient le mérite de ses découvertes, il proposa de faire tenir un œuf en équilibre sur l’une de ses extrémités, et comme ils ne pouvaient y parvenir, l’Amiral, cassant le bout de la coquille, plaça l’œuf sur sa partie brisée.

« Vous n’y aviez pas songé, dit-il. Eh bien, tout est là ! »