Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/294

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déclara en se moquant que le plus pauvre marchand de La Mecque apportait de plus riches présents, et que jamais le roi n’accepterait de si ridicules bagatelles. À la suite de cet affront, Gama rendit visite au zamorin. Ce ne fut qu’après avoir attendu longtemps au milieu de la foule, qui se riait de lui, qu’il fut introduit auprès du prince. Celui-ci lui reprocha d’un ton méprisant de n’avoir rien il lui offrir, alors qu’il se prétendait sujet d’un roi riche et puissant. Gama répondit avec assurance et produisit les lettres d’Emmanuel, qui, conçues en termes flatteurs, contenaient la promesse formelle d’envoyer des marchandises à Calicut. Le roi, à qui cette perspective souriait, s’informa alors avec intérêt de l’importance des productions et des ressources du Portugal, et permit à Gama de débarquer et de vendre ses marchandises.

Mais ce brusque revirement dans les dispositions du zamorin n’était pas pour convenir aux commerçants maures et arabes qui faisaient la prospérité de Calicut. Ils ne pouvaient voir de sang-froid des étrangers essayer de détourner à leur profit le cours du commerce resté jusqu’alors entièrement entre leurs mains, et résolurent donc de tout tenter pour écarter à jamais des rivages de l’Inde ces concurrents redoutables. Leur premier soin fut de gagner le catoual ; puis, ils peignirent sous les plus sombres couleurs ces aventuriers insatiables, ces pillards effrontés, qui ne cherchaient qu’à se rendre compte des forces et des ressources de la ville pour revenir en grand nombre la piller et massacrer ceux qui s’opposeraient à leurs desseins.