Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/78

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admettent que le feu purifie tout. Quand un de leurs seigneurs est mort, on l’enterre avec une table, un bassin plein de chair, une tasse de lait de jument, une jument et son poulain, un cheval sellé et bridé.

Les Tartares sont très-obéissants à leurs chefs ; ils évitent le mensonge entre eux ; ils fuient les discussions ; les meurtres et voies de fait sont rares ; peu de vols se commettent, et les objets précieux ne sont jamais renfermés. Ces gens-là supportent sans se plaindre le jeûne et la fatigue, le chaud et le froid, jouant, chantant et dansant à toute occasion ; mais ils sont sujets à l’ivrognerie ; leur principal défaut est d’être orgueilleux et méprisants avec les étrangers, et ils n’ont aucun respect pour la vie humaine.

Pour achever de les peindre, Carpini ajoute que ces barbares mangent toutes sortes de viandes, chiens, loups, renards, chevaux et même, à l’occasion, chair humaine. Leur boisson consiste en lait de jument, de brebis, de chèvre, de vache et de chameau. Ils ne connaissent ni le vin, ni la cervoise, ni l’hydromel, mais seulement des liqueurs enivrantes. D’ailleurs, ils sont très-sales, ne dédaignant ni les rats, ni les souris, ni la vermine, faute d’autre comestible ; ne lavant jamais leurs écuelles, ou les lavant avec le potage même ; ne nettoyant jamais leurs vêtements, ni ne permettant jamais qu’on le fasse, « surtout quand il tonne. » Les hommes ne s’astreignent à aucun travail ; chasser, tirer de l’arc, veiller sur les troupeaux, monter à cheval, voilà toute leur occupation. Les filles et les femmes ne dédaignent