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Là était la cour du prince, fils de Baatu-Khan. Il avait six femmes ; chacune d’elles possédait un palais, des maisons et deux cents chariots, dont quelques-uns, larges de vingt pieds, étaient traînés par un attelage de vingt-deux bœufs disposés sur deux rangs de onze chacun.

Sartach reçut les envoyés du roi de France avec beaucoup d’affabilité, et, les voyant pauvres, il leur fournit tout ce dont ils avaient besoin ; mais Rubruquis et ses compagnons durent se présenter devant le prince revêtus de leurs habits sacerdotaux ; puis, posant sur un coussin une magnifique Bible donnée par le roi de France, un psautier, présent de la reine, un missel, un crucifix et un encensoir, ils entrèrent chez le prince, en se gardant bien de toucher le seuil de la porte, ce qui eût été un acte inexcusable de profanation. Une fois en présence de Sartach, ces pieux ambassadeurs entonnèrent le Salve Regina. Le prince et une des princesses qui l’assistait dans cette cérémonie examinèrent attentivement les ornements des religieux et leur permirent de se retirer. Quant à la question de savoir si Sartach était chrétien, Rubruquis ne put la traiter.

Cependant, la mission des envoyés du roi saint Louis n’était pas terminée. Aussi le prince les engagea fort à se rendre à la cour de son père. Rubruquis obéit, et à travers les tribus mahométanes qui se partageaient la contrée entre le Don et le Volga, il arriva au camp du roi, situé sur le bord du fleuve.

Là, même cérémonie qu’à la cour du prince Sartach.