Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/99

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situation de laquelle les géographes ne sont pas d’accord, et qui est habitée par des idolâtres, des mahométans et des chrétiens nestoriens.

De Ginchintalas, Marco Polo revint à Cha-tcheou, et il reprit sa route vers l’est à travers le Tangut, par la ville de So-ceu, sur un territoire propice à la culture de la rhubarbe, et par Canpicion, le Kan-tcheou des Chinois, alors capitale de tout le Tangut. C’était une ville importante, peuplée de riches chefs idolâtres qui sont polygames, et épousent de préférence leurs cousines ou « la femme de leur père ». Les trois Vénitiens demeurèrent un an dans cette grande ville. Il est donc facile de comprendre, en les voyant faire de telles haltes et se détourner sans cesse de leur route, comment leur voyage à travers l’Asie centrale a pu durer plus de trois années.

En quittant Kan-tcheou, après avoir chevauché pendant douze jours, Marco Polo arriva sur la limite d’un désert de sable, à la cité d’Etzina. C’était encore un détour, puisqu’il remontait directement au nord ; mais le voyageur tenait à visiter la célèbre cité de Caracorum, cette capitale tartare que Rubruquis avait habitée en 1254.

Marco Polo avait certainement en lui les instincts d’un explorateur, et il ne regardait pas aux fatigues quand il s’agissait de compléter ses études géographiques. Dans cette circonstance, et pour atteindre la ville tartare, il dut marcher pendant quarante jours au milieu d’un désert sans habitations, sans herbages.