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Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/113

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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

distinction furent tués de sang-froid après la bataille. Almagro, vieux et malade, ne put échapper aux Pizarre.

Les Indiens, qui, réunis en armes sur les montagnes environnantes, s’étaient promis de tomber sur le vainqueur, n’eurent rien de plus pressé que de s’enfuir. « Rien, dit Robertson, ne prouve peut-être mieux l’ascendant que les Espagnols avaient pris sur les Américains, que de voir ceux-ci, témoins de la défaite et de la dispersion d’un des partis, n’avoir pas le courage d’attaquer l’autre, affaibli et fatigué par sa victoire même, et n’oser tomber sur leurs oppresseurs lorsque la fortune leur offrait une occasion si favorable de les combattre avec avantage. »

À cette époque, une victoire, non suivie de pillage, n’était pas complète. Aussi la ville de Cusco fut-elle mise à sac. Toutes les richesses qu’y trouvèrent les compagnons de Pizarre ne suffirent pas à les contenter. Ils avaient tous une si haute idée de leurs mérites et des services qu’ils avaient rendus, qu’à chacun il aurait fallu une place de gouverneur. Fernand Pizarre les dispersa donc et les envoya conquérir de nouveaux territoires avec quelques partisans d’Almagro, qui s’étaient ralliés et qu’il importait d’éloigner.

Quant à ce dernier, Fernand Pizarre, convaincu qu’un foyer d’agitation permanent couvait à l’abri de son nom, il résolut de s’en défaire. Il lui fit donc faire son procès, qui se termina, comme il était facile de le prévoir, par une condamnation à mort. À cette nouvelle et après quelques moments d’un trouble bien naturel,