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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

Tandis que ces événements se passaient en Espagne, le Marquis partageait le pays conquis, gardait pour lui et ses affidés les districts les plus fertiles ou les mieux situés, et n’accordait aux compagnons d’Almagro, à ceux du Chili comme on les appelait, que des territoires stériles et éloignés. Puis, il confiait à l’un de ses maîtres de camp, Pedro de Valdivia, l’exécution du projet qu’Almagro n’avait pu qu’ébaucher, la conquête du Chili. Parti le 28 janvier 1540 avec cent cinquante Espagnols, parmi lesquels devaient s’illustrer Pedro Gomez, Pedro de Miranda et Alonso de Monroy, Valdivia traversa d’abord le désert d’Atacama, entreprise considérée encore aujourd’hui comme des plus pénibles, et arriva à Copiapo au milieu d’une belle vallée. Reçu très-cordialement d’abord, il eut à soutenir, dès que la récolte fut faite, de nombreux combats contre une race différente des Indiens du Pérou, les Araucans, braves et infatigables guerriers. Il n’en fonda pas moins la ville de Santiago, le 12 février 1541. Valdivia passa huit ans au Chili, présidant à la conquête et à l’organisation du pays. Moins avide que les autres « conquistadores » ses contemporains, il ne recherchait les richesses minérales que pour assurer le développement de la prospérité de sa colonie, dans laquelle il sut tout d’abord encourager l’agriculture. « La plus belle mine que je sache, c’est du blé et du vin, avec la nourriture du bestail. Qui a de ceci, il a de l’argent. Et de mines, nous n’en vivons point, quant à leur substance. Et tel bien souvent a belle mine qui n’a pas bon jeu. » Ces sages