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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

De retour en Portugal, Magellan obtint, non sans difficulté, l’autorisation de fouiller dans les archives de la couronne. Il acquit bientôt la certitude que les Moluques étaient situées dans l’hémisphère qu’avait attribué à l’Espagne la bulle de démarcation, adoptée à Tordesillas par les rois d’Espagne et de Portugal, et confirmée, en 1494, par le pape Alexandre VI.

En vertu de cette démarcation qui devait donner lieu à tant de débats passionnés, tous les pays situés à trois cent soixante milles à l’ouest du méridien des îles du cap Vert devaient appartenir à l’Espagne, et tous ceux à l’est du même méridien au Portugal.

Magellan avait trop d’activité pour rester longtemps sans reprendre du service. Il alla donc guerroyer en Afrique, à Azamor, ville du Maroc, où il reçut au genou une blessure légère, mais qui, lésant un nerf, le laissa boiteux pour le reste de sa vie et le força à rentrer en Portugal. Conscient de la supériorité que ses connaissances théoriques et pratiques, et ses services lui assuraient sur la tourbe des courtisans, Magellan devait ressentir plus vivement qu’un autre l’injuste traitement qu’il reçut d’Emmanuel, au sujet de certaines plaintes portées par les habitants d’Azamor contre les officiers portugais. Les préventions d’Emmanuel se changèrent bientôt en une aversion véritable. Elle se traduisit par cette imputation outrageuse que, pour échapper à des accusations irréfutables, Magellan feignait de souffrir d’une blessure sans conséquence dont il était complétement guéri. Une telle assertion était grave pour l’hon-