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Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/149

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PREMIER VOYAGE AUTOUR DU MONDE

loin sur la multitude des guerriers, sans leur faire grand mal, car ils étaient protégés par des boucliers. Assaillis à coups de pierres, de flèches, de javelots et de lances, accablés sous le nombre, les Espagnols mirent le feu à quelques cases pour écarter et intimider les naturels. Mais ceux-ci, rendus plus acharnés par la vue de l’incendie, redoublèrent d’efforts et pressèrent de tous côtés les Espagnols, qui avaient la plus grande peine à leur résister, lorsqu’un fâcheux incident vint compromettre l’issue du combat. Les indigènes n’avaient pas été longtemps à remarquer que tous les coups qu’ils dirigeaient vers les parties du corps de leurs ennemis protégées par l’armure ne les blessaient pas. Ils s’attachèrent donc aussitôt à lancer leurs flèches et leurs javelots contre la partie inférieure du corps, qui se trouvait sans défense. Magellan, atteint à la jambe d’une flèche empoisonnée, ordonna la retraite, qui, commencée en bon ordre, se changea peu de temps après en une telle fuite, que sept ou huit Espagnols restèrent seuls à ses côtés. À grand’peine, ils reculaient en combattant pour regagner les chaloupes. Ils avaient déjà de l’eau jusqu’aux genoux, lorsque plusieurs insulaires se jetèrent à la fois sur Magellan, blessé au bras, qui était dans l’impossibilité de tirer son épée, et ils lui donnèrent sur la jambe un tel coup de sabre qu’il tomba aussitôt dans l’eau, où ils n’eurent pas de peine à l’achever. Ses derniers compagnons, tous atteints, et parmi eux Pigafetta, regagnèrent à la hâte les embarcations. Ainsi périt, le 27 avril 1521, l’illustre Magellan.