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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

ques-uns sont d’une grosseur et d’une valeur extraordinaires. Ses animaux sont les éléphants, les chevaux, les buffles, les cochons, les chèvres et les oiseaux de basse-cour. La monnaie dont on se sert est de bronze et porte le nom de sapèque, piécettes que l’on perfore pour les enfiler.

En quittant Bornéo, les voyageurs cherchèrent un endroit propice pour radouber leurs vaisseaux, qui en avaient le plus pressant besoin, car ils ne passèrent pas moins de quarante-deux jours à cette besogne. « Ce que j’ai trouvé de plus étrange dans cette île, raconte Pigafetta, ce sont des arbres dont les feuilles qui tombent sont animées. Ces feuilles ressemblent à celles du mûrier, si ce n’est qu’elles sont moins longues ; leur pétiole est court et pointu, et, près du pétiole, d’un côté et de l’autre, elles ont deux pieds. Si on les touche, elles s’échappent ; mais elles ne rendent point de sang quand on les écrase. J’en ai gardé une dans une boîte pendant neuf jours : quand j’ouvrais la boîte, la feuille s’y promenait tout alentour ; j’estime qu’elles vivent d’air. Ces très-curieux animaux sont aujourd’hui bien connus et portent le nom vulgaire de mouches-feuille. Ils sont d’un gris brun qui les fait d’autant mieux prendre pour des feuilles mortes qu’ils en ont tout à fait la forme.

Dans ces parages, l’expédition espagnole, qui avait conservé du vivant de Magellan son caractère scientifique, tourna sensiblement à la piraterie. C’est ainsi qu’à plusieurs reprises, on s’empara de jonques dont on força l’équipage à payer de fortes rançons.