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Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/163

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PREMIER VOYAGE AUTOUR DU MONDE

voyage. Cependant, bien des traverses attendaient encore les navigateurs. En deux mois, vingt et un hommes, tant Européens qu’Indiens, moururent de privations, et si, le 9 juillet, ils n’avaient pris terre à Santiago du cap Vert, ils seraient tous morts de faim. Comme cet archipel appartenait au Portugal, on eut soin de raconter qu’on venait d’Amérique, et l’on cacha soigneusement la route qu’on avait découverte. Mais un des matelots ayant eu l’imprudence de dire que la Victoria était le seul des vaisseaux de l’escadre de Magellan qui revînt en Europe, les Portugais se saisirent aussitôt de l’équipage d’une chaloupe et se disposèrent à attaquer le navire espagnol. Cependant, del Cano surveillait de son bord tous les mouvements des Portugais. Soupçonnant, par les préparatifs dont il était témoin, qu’on voulait se saisir de la Victoria, il fit mettre à la voile, laissant entre les mains des Portugais treize hommes de son équipage. Maximilien Transylvain attribue à la relâche aux îles du cap Vert un autre motif que Pigafetta. Il prétend que la fatigue des équipages, réduits par les privations et qui malgré tout n’avaient cessé de se tenir aux pompes, avait déterminé le capitaine à s’arrêter pour acheter quelques esclaves qui les aidassent à la manœuvre. N’ayant pas d’argent, les Espagnols auraient payé avec des épices, ce qui aurait ouvert les yeux aux Portugais.

« Pour voir si nos journaux étaient bien tenus, raconte Pigafetta, nous fîmes demander à terre quel jour de la semaine c’était. On répondit que c’était