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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

due qu’à l’inventeur. » Mais comment admettre en 1497, dirons-nous avec M. Codine, « une expédition qui aurait découvert huit cent cinquante lieues de côtes de la terre ferme, sans qu’il en soit resté la moindre trace ni dans les grands historiens contemporains, ni dans les dépositions juridiques où, à propos des réclamations de l’héritier de Colomb contre le gouvernement espagnol, est exposée contradictoirement la priorité des découvertes de chaque chef d’expédition sur chaque partie de la côte parcourue ? »

Enfin les documents authentiques extraits des archives de la Casa de contratacion établissent que Vespuce fut chargé de l’armement des navires destinés à la troisième expédition de Colomb à Séville et à San-Lucar, depuis la mi-août 1497 jusqu’au départ de Colomb, le 30 mai 1498.

Les relations qu’on possède des voyages de Vespuce sont extrêmement diffuses, manquent de précision et de suite ; elles ne donnent sur les lieux qu’il a parcourus que des informations très vagues, pouvant s’appliquer à tel point de la côte aussi bien qu’à tel autre, et ne renferment enfin, sur les endroits dont ils ont été l’objet ainsi que sur les compagnons de Vespuce, aucune indication de nature à éclairer l’historien. Pas un seul nom de personnage connu, des dates qui se contredisent, voilà ce qu’on trouve dans ces lettres fameuses par le nombre de commentaires auxquels elles ont donné lieu. « Il y a, dit A. de Humboldt, comme un sort jeté pour embrouiller, dans les documents les plus authentiques, tout ce qui tient au navigateur florentin. »