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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

L’accueil fait à Jacques Cartier fut on ne peut plus cordial. Le chef ou Agouhanna, qui était tout perclus de ses membres, pria le capitaine de les toucher comme s’il lui eût demandé guérison. Puis des aveugles, des borgnes, des boiteux, des impotents vinrent s’asseoir auprès de Jacques Cartier, pour qu’il les touchât, tellement il semblait que ce fût un Dieu descendu pour les guérir. « Ledit capitaine, voyant la piété et foi de ce dit peuple, dit l’évangile de Saint-Jean, savoir : In principio, faisant le signe de la croix sur les pauvres malades, priant Dieu qu’il leur donnât connaissance de notre sainte foi et grâce de recouvrer chrétienté et baptême. Puis ledit capitaine prit un livre d’heures et tout hautement lut la passion de Notre-Seigneur, si bien que tous les assistants le purent ouïr, tout ce pauvre peuple faisant un grand silence, regardant le ciel et faisant pareilles cérémonies qu’ils nous voyaient faire. » Après avoir pris connaissance du pays qu’on découvrait à trente lieues à la ronde du haut du Mont-Royal et avoir recueilli certains renseignements sur les sauts et rapides du Saint-Laurent, Jacques Cartier reprit la route du Canada, où il ne tarda pas à rejoindre ses navires. Nous lui devons les premiers renseignements sur le tabac à fumer, qui ne paraît pas avoir été en usage dans toute l’étendue du nouveau monde. « Ils ont une herbe, dit-il, dont ils font grand amas durant l’été pour l’hiver ; ils l’estiment fort, et les hommes seulement en usent de la façon qui suit : ils la font sécher au soleil et la portent à