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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

devait nous distribuer de deux en deux jours. Ayant deux livres de farine, nous fîmes des crêpes à l’huile. Et chacun apporta un biscuit de pain blanc, que nous avons trempé dans le vin et mangé. Et il nous sembla que nous étions en notre patrie et entre nos parents et amis ; et nous en fûmes autant récréés que si nous eussions fait un banquet d’honneur, tant nous en trouvâmes bonne saveur. Nous fîmes aussi un roi à l’aide de billets, et notre maître-canonnier fut roi de la Nouvelle-Zemble, pays enclos entre deux mers et bien long de deux cents lieues. »

À partir du 21 janvier, les renards devinrent moins nombreux, les ours reparurent, et le jour commença à s’accroître, ce qui permit aux Hollandais, depuis si longtemps reclus, de sortir quelque peu. Le 24, un des matelots, qui était depuis longtemps malade, mourut et fut enterré dans la neige à quelque distance de la maison. Le 28, par un très-beau temps, tous sortirent, se promenèrent, s’exercèrent à courir, à jeter la boule pour assouplir leurs membres, car ils étaient d’une extrême faiblesse et presque tous malades du scorbut. Ils étaient si débilités qu’ils furent obligés de s’y prendre à plusieurs fois pour apporter à leur maison le bois qui leur était nécessaire. Enfin, dans les premiers jours de mars, après plusieurs tempêtes et chasses de neige, ils purent constater qu’il n’y avait plus nulle glace en mer. Malgré cela, le temps était encore rude et le froid glacial. Il ne fallait pas encore songer à reprendre la mer, d’autant plus que le