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Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/249

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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

à la tête de laquelle il livra, le 25 avril, aux Espagnols, sous le canon de Gibraltar, un rude combat, dans lequel les Hollandais furent vainqueurs, mais où il perdit la vie.

Ce n’est qu’en 1871, près de trois cents ans plus tard, que fut revu le lieu d’hivernage de l’infortuné Barentz et de ses compagnons. Le premier, il avait doublé la pointe septentrionale de la Nouvelle-Zemble, et il était resté le seul jusqu’à cette époque. Le 7 septembre 1871, le capitaine norvégien Elling Carlsen, connu par de nombreuses courses dans la mer du Nord et dans l’océan Glacial, arriva au Havre de Grâce de Barentz, et, le 9, il découvrit la maison qui avait abrité les Hollandais. Elle semblait avoir été construite la veille, tant elle était dans un étonnant état de conservation. Tout se trouvait dans la même position qu’au départ des naufragés. Seuls, les ours, les renards et les autres habitants de ces régions inhospitalières avaient visité cet endroit. Autour de la maison étaient épars de grands tonneaux, des amas d’os de phoques, de morses et d’ours. Dans l’intérieur, tout se trouvait en place. C’était la reproduction fidèle de la curieuse gravure de Gerrit de Veer. Les lits étaient rangés le long de la cloison comme ils sont figurés dans le dessin, ainsi que l’horloge, les mousquets, la hallebarde. Parmi les ustensiles de ménage, les armes et les différents objets rapportés par le capitaine Carlsen, nous citerons deux casseroles marines de cuivre, des gobelets, des canons de fusil, des gouges et des limes,