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LES VOYAGES D’AVENTURES

de nous venir revoir, nous apportant tantôt de beaux panaches faits de plumes de diverses couleurs, et tantôt du petun (tabac), qui est une herbe dont les Indiens usent ordinairement. Mais, avant que de nous les présenter, ils s’arrêtaient un peu loin, en un lieu où nous avions dressé nos tentes. Puis ils faisaient de longs discours en façon de harangue, et, quand ils avaient fini, ils laissaient leurs arcs et flèches en cette place, et s’approchaient de nous pour nous offrir leurs présents.

« La première fois qu’ils y sont venus, leurs femmes se sont arrêtées en la même place et se sont égratigné et arraché la peau et la chair de leurs joues, se lamentant d’une manière admirable, de quoi nous nous sommes étonnés. Mais nous avons appris que c’était une forme de sacrifice qu’elles nous faisaient. »

Les détails que Drake donne à propos des Indiens de la Californie sont à peu près les seuls qu’il fournisse sur les mœurs et les usages des nations qu’il a visitées. Nous ferons remarquer, à ce sujet, cette habitude des longues harangues que le voyageur a bien soin de noter, et que nous retrouvons chez les Indiens du Canada, comme Cartier l’avait constaté une quarantaine d’années plus tôt.

Drake ne remonta pas plus haut dans le nord et renonça à son projet de revenir par la mer Glaciale. Lorsqu’il mit à la voile, ce fut pour redescendre vers la ligne, gagner les Moluques et revenir en Angleterre par le cap de Bonne-Espérance. Comme cette partie