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LES VOYAGES D’AVENTURES

sauver à la nage, les Hollandais, « cinglant avec le trinquet au travers des têtes nageantes, en percèrent encore aucunes à coups de lance et y délâchèrent aussi le canon dessus. » De Noort, à la suite de cette sanglante et stérile victoire, alla se réparer à Bornéo, prit une riche cargaison d’épices à Java, et, ayant doublé le cap de Bonne-Espérance, débarqua le 26 août à Rotterdam, après un voyage de près de trois années, n’ayant plus qu’un seul navire et quarante-huit hommes d’équipage. Si les négociants qui avaient fait les frais de l’armement approuvèrent la conduite de de Noort, qui rapportait une cargaison les couvrant bien au delà de leurs déboursés et qui avait montré à ses compatriotes la route de l’Inde, nous devons, tout en louant ses qualités de marin, faire de grandes réserves sur la façon dont il exerça le commandement et jeter un blâme sévère sur la barbarie qui a marqué d’une tache sanglante le premier voyage autour du monde exécuté par les Hollandais.

Nous allons maintenant parler d’un homme qui, doué de qualités éminentes et de défauts au moins égaux, poussa sa vie dans des directions différentes, souvent même opposées, et qui, après être arrivé au comble des honneurs auxquels peut prétendre un gentilhomme, porta sa tête sur un échafaud, accusé de trahison et de félonie. Il s’agit de sir Walter Raleigh. S’il doit trouver une place dans cette galerie des grands voyageurs, ce n’est ni comme fondateur de la colonisation anglaise, ni comme marin, c’est comme