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Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/278

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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

rite des émissaires chargés de réunir des troupes pour les attaquer. En même temps, il défendait sous peine de la vie aux Indiens et aux Espagnols d’entretenir aucune relation avec les Anglais. Raleigh, averti, résolut de le prévenir. La nuit venue, il descendit secrètement à terre avec cent hommes, s’empara sans coup férir de la ville de Saint-Joseph, à laquelle les Indiens mirent le feu, et emmena à son bord Berreo et les principaux personnages. En même temps arrivèrent les capitaines Georges Gifford et Knynin, dont il avait été séparé sur les côtes d’Espagne. Il fit aussitôt voile pour l’Orénoque, pénétra dans la baie Capuri avec une grosse galère et trois embarcations chargées d’une centaine de matelots et de soldats, s’engagea dans le labyrinthe inextricable d’îles et de canaux qui forment son embouchure, et remonta le fleuve sur un parcours de cent dix lieues. Les renseignements que Raleigh donne sur sa campagne sont tellement fabuleux, il entasse, avec la désinvolture d’un Gascon transporté sur les bords de la Tamise, tant de mensonges les uns sur les autres, qu’on serait tenté de ranger son récit au nombre des voyages imaginaires. Quelques Espagnols, qui avaient vu la ville de Manoa, appelée Eldorado, lui racontèrent, dit-il, que cette ville dépasse par sa grandeur et sa richesse toutes les villes du monde et tout ce que les « conquistadores » ont vu en Amérique. « Là, point d’hiver, ajoute-t-il, un sol sec et fertile, du gibier et des oiseaux de toute espèce