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MISSIONNAIRES ET COLONS

influence fâcheuse sur certains côtés de l’esprit public. La curiosité, dans le sens étroit du mot, est poussée à l’extrême. On parcourt le monde pour avoir une idée des habitudes et des mœurs de chaque nation, des productions et de l’industrie de chaque contrée, mais on n’étudie pas. On ne cherche pas à remonter aux sources, à se rendre compte scientifiquement du pourquoi des choses. On voit, la curiosité est satisfaite, et l’on passe. Les observations ne sont que de surface, et il semble qu’on ait hâte de parcourir toutes les régions que le XVIe siècle a dévoilées.

Puis, l’abondance des richesses, répandues tout à coup dans l’Europe entière, a amené une crise économique. Le commerce, comme l’industrie, se transforme et se déplace. De nouvelles voies sont ouvertes, de nouveaux intermédiaires surgissent, de nouveaux besoins naissent, le luxe s’accroît, et l’envie de faire rapidement fortune par les spéculations tourne bien des têtes. Si Venise est morte au point de vue commercial, les Hollandais vont se faire, pour employer une heureuse expression de M. Leroy-Beaulieu, « les rouliers et les facteurs de l’Europe, » et les Anglais se préparent à jeter les bases de leur immense empire colonial.

Aux marchands succèdent les missionnaires. Ils s’abattent en troupes nombreuses sur les contrées nouvellement découvertes, évangélisant, civilisant les peuples sauvages, étudiant, décrivant le pays. Le développement du zèle apostolique est un des traits do-