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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

à Cavelier de La Sale, découverte qui n’a sa pareille, nous ne disons pas son égale, que celle du fleuve des Amazones par Orellana, au XVIe siècle, et celle du Congo par Stanley, au xixe. Toujours est-il qu’à peine arrivé dans le pays, il se mit, avec une application extraordinaire, à étudier les idiomes indigènes, à fréquenter les sauvages pour se mettre au courant de leurs mœurs et de leurs habitudes. En même temps, il recueillait, auprès des trappeurs, une masse de renseignements sur la disposition des fleuves et des lacs. Il fit part de ses projets d’exploration à M. de Frontenac, qui l’encouragea et lui donna le commandement d’un fort construit au débouché du lac dans le Saint-Laurent. Sur ces entrefaites, un certain Jolyet arriva à Québec. Il apportait la nouvelle qu’avec le père Marquette et quatre autres personnes, il avait atteint un grand fleuve appelé Mississipi, coulant vers le sud. Cavelier de La Sale eut bientôt compris tout le parti qu’on pourrait tirer d’une artère de cette importance, surtout si le Mississipi avait, comme il le pensait, son embouchure dans le golfe du Mexique. Par les lacs et l’Illinois, affluent du Mississipi, il était facile de mettre en communication le Saint-Laurent avec la mer des Antilles. Quel merveilleux profit la France allait tirer de cette découverte ! La Sale expliqua le projet qu’il avait conçu au comte de Frontenac et obtint de lui des lettres de recommandation très-pressantes pour le ministre de la marine. En arrivant en France, La Sale apprit la mort de Colbert ; mais il