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LA GRANDE FLIBUSTE

diens, qui, par leur situation, pouvaient empêcher toute communication entre La Sale et le Canada. Afin de frapper leur imagination, Cavelier de La Sale se rend à leur campement, où plus de trois mille hommes sont rassemblés. Il n’a que vingt hommes, mais il traverse fièrement leur village et s’arrête à quelque distance. Les Illinois, qui n’ont pas encore déclaré la guerre, sont surpris. Ils s’avancent vers lui et l’accablent de démonstrations pacifiques. Tant est versatile l’esprit des sauvages ! tant fait d’impression sur eux toute marque de courage ! Sans tarder, La Sale profite de leurs dispositions amicales, et bâtit, sur l’emplacement même de leur camp, un petit fort qu’il nomme Crèvecœur, par allusion aux chagrins qu’il a déjà éprouvés. Il y laisse Tonti avec tout son monde, et pour lui, inquiet du sort du Griffon, il regagne, avec trois Français et un Indien, le fort de Catarocouy que cinq cents lieues séparent de Crèvecœur. Avant de partir, il avait détaché avec le P. Hennepin, un de ses compagnons, nommé Dacan, avec mission de remonter le Mississipi au delà de la rivière des Illinois, et, s’il était possible, jusqu’à sa source, « Ces deux voyageurs, dit le père Charlevoix, partirent du fort de Crèvecœur le 28 février, et, étant entrés dans le Mississipi, le remontèrent jusque vers le 46° de latitude nord. Là, ils furent arrêtés par une chute d’eau assez haute, qui tient toute la largeur du fleuve et à laquelle le P. Hennepin donna le nom de Saint-Antoine-de-Padoue. Ils tombèrent alors, je ne sais par quel accident, entre les