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LA GRANDE FLIBUSTE

mer. En même temps, le commandant de l’escadre qui le transporterait en Amérique serait sous sa dépendance et lui fournirait, lors de son débarquement, tous les secours qu’il lui réclamerait, pourvu que ce ne fût pas au préjudice du roi. Quatre bâtiments, dont une frégate de quarante canons commandée par M. de Beaujeu, devaient porter deux cent quatre-vingts personnes, y compris les équipages, à l’embouchure du Mississipi, et former le noyau de la nouvelle colonie. Soldats et artisans avaient été fort mal choisis, on s’en aperçut trop tard, et pas un ne savait son métier. Partie de La Rochelle, le 24 juillet 1684, la petite escadre fut presque aussitôt forcée de rentrer au port, le mât de beaupré de la frégate ayant cassé tout à coup, par le plus beau temps du monde. Cet accident inexplicable fut le point de départ de la mésintelligence entre M. de Beaujeu et M. de La Sale. Le premier ne pouvait se voir avec plaisir subordonné à un simple particulier et ne le pardonnait pas à Cavelier. Rien n’eût été cependant plus simple que de refuser ce commandement. Le second n’avait pas la douceur de manières et l’urbanité nécessaires pour faire revenir son compagnon. La brouille ne fit que s’accentuer durant le voyage, en raison des entraves qu’apportait M. de Beaujeu à la rapidité et au secret de l’expédition. Les tracas de La Sale étaient même devenus si grands, lorsqu’on arriva à Saint-Domingue, qu’il tomba gravement malade. Il guérit cepen-