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Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/356

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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

alliance. Il partit, le 12 janvier 1687, avec son frère, ses deux neveux, deux missionnaires et douze colons. Il s’approchait du pays des Cenis, lorsqu’à la suite d’une altercation entre l’un de ses neveux et trois de ses compagnons, ceux-ci assassinèrent le jeune homme et son domestique pendant leur sommeil et résolurent aussitôt d’en faire autant du chef de l’entreprise. De La Sale, inquiet de ne pas voir revenir son neveu, partit à sa recherche, le 19 au matin, avec le père Anastase. Les assassins, en le voyant s’approcher, s’embusquèrent dans un fourré, et l’un d’eux lui tira dans la tête un coup de fusil qui l’étendit roide mort. Ainsi périt Robert Cavelier de La Sale, « homme d’une capacité, au dire du P. Charlevoix, d’une étendue d’esprit, d’un courage et d’une fermeté d’âme qui auraient pu le conduire à quelque chose de grand, si, avec tant de bonnes qualités, il avait su se rendre maître de son humeur sombre et atrabilaire, fléchir sa sévérité ou plutôt la dureté de son naturel… » On avait répandu contre lui nombre de calomnies ; mais il faut d’autant plus se tenir en garde contre tous ces bruits malveillants, « qu’il n’est que trop ordinaire d’exagérer les défauts des malheureux, de leur en imputer même qu’ils n’avaient pas, surtout quand ils ont donné lieu à leur infortune et qu’ils n’ont pas su se faire aimer. Ce qu’il y a de plus triste pour la mémoire de cet homme célèbre, c’est qu’il a été plaint de peu de personnes, et que le mauvais succès de ses entreprises —