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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

convertir au christianisme, et renversa leurs idoles, comme il l’avait fait à Cozumel, pour leur prouver toute l’impuissance de leurs dieux.

Pendant ce temps, un complot se nouait dans son camp, et, persuadé que, tant qu’il resterait un moyen de regagner Cuba, il aurait à lutter contre la lassitude et le mécontentement de ses soldats, Cortès fit jeter à la côte tous ses navires sous le prétexte qu’ils étaient en trop mauvais état pour servir plus longtemps. C’était là un acte d’audace véritablement inouï, qui forçait ses compagnons à vaincre ou à mourir.

N’ayant alors plus rien à craindre de l’indiscipline de ses troupes, Cortès partit le 16 août de Zempoalla avec cinq cents soldats, quinze chevaux et six canons de campagne, sans compter deux cents Indiens porteurs, destinés à tous les travaux serviles.

Il atteignit bientôt les frontières de la petite république de Tlascala, dont les peuples, féroces, ennemis de toute servitude, étaient depuis longtemps en lutte avec Montézuma. Cortès se flattait que son intention, tant de fois proclamée, de délivrer les Indiens du joug mexicain jetterait les Tlascalans dans ses bras et en ferait ses alliés. Il leur demanda donc passage sur leur territoire pour gagner Mexico. Mais ses ambassadeurs furent retenus, et lorsqu’il s’avança dans l’intérieur du pays, il dut, pendant quatorze jours consécutifs, soutenir les attaques continuelles de jour et de nuit de plusieurs armées de 30,000 Tlascalans, qui déployèrent une bravoure et une opiniâtreté dont les