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Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/60

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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

Narvaez débarqua sans opposition près du fort San-Juan d’Ulloa. Mais, ayant sommé Sandoval, gouverneur de Vera-Cruz, de lui remettre la ville, celui-ci se saisit de ceux qui s’étaient chargés de cette insolente commission et les envoya à Mexico. Cortès les remit aussitôt en liberté et tira d’eux des informations circonstanciées sur les projets et les forces de Narvaez. Le danger qu’il courait personnellement était grand. Les troupes armées par Velasquez étaient plus nombreuses, mieux fournies d’armes et de munitions que les siennes ; en outre, ce qui l’inquiétait, ce n’était pas la perspective d’être condamné, mis à mort, c’était la crainte de voir perdre le fruit de tous ses efforts et du préjudice que ces dissensions allaient porter à sa patrie. La situation était critique. Après avoir mûrement réfléchi et pesé le pour et le contre du parti qu’il allait prendre, Cortès se détermina à combattre, malgré tout son désavantage, plutôt que de sacrifier ses conquêtes et les intérêts de l’Espagne.

Avant d’en venir à cette extrémité, Cortès dépêcha à Narvaez son chapelain Olmedo, qui fut très-mal reçu, et vit rejeter dédaigneusement toutes les propositions d’accommodement. Olmedo eut plus de succès auprès des soldats, qui le connaissaient pour la plupart et auxquels il distribua nombre de chaînes, d’anneaux d’or et de bijoux, très-propres à leur donner une haute opinion des richesses du conquérant. Mais Narvaez, qui en fut informé, ne voulut pas laisser plus longtemps ses troupes exposées à la séduction ; il mit à prix la