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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

attaquaient rarement après le coucher du soleil ; mais ce qui décida Cortès en faveur d’une retraite nocturne, c’est qu’un soldat, qui se mêlait d’astrologie, avait promis à ses camarades un succès assuré si l’on agissait la nuit.

On se mit donc en marche à minuit. Outre les troupes espagnoles, Cortès avait sous ses ordres les détachements de Tlascala, de Zempoalla et de Cholula, qui s’élevaient encore, malgré les pertes considérables qu’ils avaient éprouvées, à sept mille hommes. Sandoval commandait l’avant-garde ; Cortès était au centre avec les bagages, les canons, les prisonniers, parmi lesquels étaient un fils et deux filles de Montézuma ; Alvarado et Velasquez de Léon conduisaient l’arrière-garde. On avait eu soin de construire un pont volant qui devait être jeté sur les parties rompues de la chaussée. À peine les Espagnols avaient-ils débouché sur la digue qui menait à Tacuba et qui était la plus courte, qu’ils furent attaqués en tête, en flancs et en queue par des masses profondes d’ennemis, tandis qu’une innombrable flottille de canots faisait pleuvoir sur eux une grêle de pierres et de traits. Ahuris, aveuglés, les alliés ne savent auquel répondre. Le pont de bois s’enfonce sous le poids de l’artillerie et des combattants. Entassés sur une chaussée étroite, ne pouvant faire usage de leurs armes à feu, privés de leur cavalerie qui manque de champ, mêlés avec les Indiens qui les attaquent corps à corps, n’ayant plus la force de tuer, entourés de tous côtés, les Espagnols et leurs alliés cèdent sous le nombre