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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

de long jusqu’à la province de Motupé, et où la moindre attaque d’un ennemi, jointe aux souffrances endurées par sa petite armée, aurait pu d’un seul coup anéantir l’expédition. Puis, il s’enfonça dans les montagnes, et s’engagea dans des défilés étroits où auraient pu l’écraser des forces peu considérables. Il reçut pendant cette marche un envoyé d’Atahualpa, lui apportant des souliers peints et des manchettes d’or, qu’il était invité à porter lors de sa prochaine entrevue avec l’Inca. Naturellement, Pizarre fut prodigue de promesses d’amitié et de dévouement. Il déclara à l’ambassadeur indien qu’il ne ferait que suivre les ordres du roi son maître en respectant la vie et les biens des habitants. Dès son arrivée à Caxamalca, Pizarre logea prudemment ses troupes dans un temple et un palais de l’Inca, à l’abri de toute surprise. Puis, il envoya un de ses frères avec de Soto et une vingtaine de cavaliers au camp d’Atahualpa, qui n’était éloigné que d’une lieue, pour lui faire connaître son arrivée. Les envoyés du gouvernement, reçus avec magnificence, furent émerveillés de la multitude d’ornements, de vases d’or et d’argent qu’ils virent partout dans le camp indien. Ils revinrent avec la promesse qu’Atahualpa viendrait le lendemain faire visite à Pizarre et lui souhaiter la bienvenue dans son royaume. En même temps, ils rendirent compte des richesses merveilleuses qu’ils avaient vues, ce qui confirma Pizarre dans le projet qu’il avait formé de s’emparer par trahison du malheureux Atahualpa et de ses trésors.