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Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 1.djvu/115

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KÉRABAN-LE-TÊTU.

baissa le châssis vitré, à travers lequel il pouvait voir dans le rayon du faisceau lumineux projeté par les lanternes.

Que pouvait faire de mieux le serviteur de Van Mitten, si ce n’est de rêver, les yeux ouverts, et de combattre le sommeil, en réfléchissant à la série d’aventures, dans lesquelles l’entraînait son maître, à la suite du plus têtu des Osmanlis ?

Ainsi, lui, un enfant de l’ancienne Batavie, un traîneur du pavé de Rotterdam, un habitué des quais de la Meuse, un pêcheur à la ligne émérite, un musard des canaux qui sillonnent sa ville natale, il avait été transporté à l’autre extrémité de l’Europe ! De la Hollande à l’empire ottoman, il avait fait cette gigantesque enjambée ! Et à peine débarqué à Constantinople, la fatalité venait de le jeter à travers les steppes du bas Danube ! Et il se voyait là, juché dans le cabriolet d’une chaise de poste, au milieu des marais de la Dobroutcha, perdu dans une nuit profonde, et plus enraciné à ce sol que la tour gothique de Zuidekerk ! Et tout cela, parce qu’il était tenu d’obéir à son maître, lequel, sans y être forcé, n’en obéissait pas moins au seigneur Kéraban.

« Oh ! bizarrerie des complications humaines !