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KÉRABAN-LE-TÊTU.

« Eh ! tant mieux ! s’écria Kéraban. Que nos chevaux s’emportent à travers la steppe ! Les sangliers se mettront à leur poursuite, et ils nous laisseront en repos ! »

Mais l’avant-train tenait bon et résistait avec une solidité qui faisait honneur à cet antique produit de la carrosserie anglaise. Donc, il ne céda pas. Ce fut la chaise qui céda. Les secousses devinrent telles, qu’elle fut arrachée aux profondes ornières où elle plongeait jusqu’aux essieux. Un dernier coup de collier de l’attelage, fou de terreur, l’enleva sur un sol plus ferme, et la voilà roulant au galop de ses chevaux emportés, que rien ne guidait au milieu de cette nuit profonde.

Cependant, les sangliers n’avaient point abandonné la partie. Ils couraient sur les côtés, s’attaquant, les uns aux chevaux, les autres à la voiture, qui ne parvenait pas à les distancer.

Le seigneur Kéraban, Van Mitten et Bruno s’étaient rejetés dans le fond du coupé.

« Ou nous verserons… dit Van Mitten.

— Ou nous ne verserons pas, répondit Kéraban.

— Il faudrait tâcher de ressaisir les guides ! », fit judicieusement observer Bruno.

Et, baissant les vitres de devant, il chercha avec