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KÉRABAN-LE-TÊTU.

avait pour fille unique Amasia, la fiancée du jeune Ahmet, neveu du seigneur Kéraban ; enfin qu’il était le correspondant et l’ami du plus entêté Osmanli dont la tête se soit jamais cachée sous les plis du turban traditionnel.

Le mariage d’Ahmet et d’Amasia, on le sait, allait être célébré à Odessa. La fille du banquier Sélim n’était point destinée à devenir la première femme d’un harem, partageant avec de plus ou moins nombreuses rivales le gynécée d’un Turc égoïste et capricieux. Non ! Elle devait, seule avec Ahmet, revenir à Constantinople, dans la maison de son oncle Kéraban. Seule et sans partage, elle était destinée à vivre près de ce mari qu’elle aimait, qui l’aimait depuis son enfance. Dût cet avenir paraître singulier pour une jeune femme turque dans le pays de Mahomet, il en serait ainsi, cependant, et Ahmet n’était point homme à faire exception aux usages de sa famille.

On sait, en outre, qu’une tante d’Amasia, une sœur de son père, lui avait légué en mourant l’énorme somme de cent mille livres turques, à la condition qu’elle fût mariée avant seize ans révolus, — un caprice de vieille fille qui n’ayant jamais pu trouver un mari, s’était dit que sa nièce n’en trou-