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Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 1.djvu/263

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KÉRABAN-LE-TÊTU.

L’observation que faisait Ahmet, le postillon, habitué à traverser cette région, se l’était faite aussi, sans doute, car les lanternes de la chaise s’éteignirent soudain.

« Attention à ne pas fumer, vous autres ! dit Ahmet, en s’adressant à Bruno et à Nizib.

— Soyez tranquille, seigneur Ahmet ! répondit Bruno. Nous ne tenons point à sauter !

— Comment, s’écria Kéraban, voilà maintenant qu’il n’est pas permis de fumer ici ?

— Non, mon oncle, répondit vivement Ahmet, non…, pendant quelques verstes du moins !

— Pas même une cigarette ? ajouta l’entêté, qui roulait déjà entre ses doigts une bonne pincée de tombéki avec l’adresse d’un vieux fumeur.

— Plus tard, ami Kéraban, plus tard… dans notre intérêt à tous ! dit Van Mitten. Il serait aussi dangereux de fumer sur cette steppe qu’au milieu d’une poudrière.

— Joli pays ! murmura Kéraban. Je serais bien étonné si les marchands de tabac y faisaient fortune ! Allons, neveu Ahmet, quitte à se retarder de quelques jours, mieux eût valu contourner la mer d’Azof ! »

Ahmet ne répondit rien. Il ne voulait point re-