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KÉRABAN-LE-TÊTU.

s’allumer et projetait une flamme intense. La steppe en fut éclairée dans le rayon d’une verste.

« On fume donc ! » s’écria Ahmet, qui marchait un peu en avant de ses compagnons et recula précipitamment.

Personne ne fumait.

Soudain, les cris du postillon se firent entendre en avant. Les claquements de son fouet s’y joignirent. Il ne pouvait plus maîtriser son attelage. Les chevaux épouvantés s’emportèrent, la chaise fut entraînée avec une extrême vitesse.

Tous s’étaient arrêtés. La steppe présentait, au milieu de cette nuit sombre, un aspect terrifiant.

En effet, les flammes, développées par le cône, venaient de se communiquer aux cônes voisins. Ils faisaient explosion les uns après les autres, éclatant avec violence, comme les batteries d’un feu d’artifice, dont les jets de feu s’entre-croisent.

Maintenant, une immense illumination emplissait la plaine. Sous cet éclat apparaissaient des centaines de grosses verrues ignivomes, dont le gaz brûlait au milieu des déjections de matières liquides, les uns avec la lueur sinistre du pétrole, les autres diversement colorés par la présence du soufre blanc, des pyrites ou du carbonate de fer.