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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Cependant, le garde-barrière, intervenant, s’écriait :

« Hâtez-vous ! hâtez-vous !… Le train de Poti ne peut tarder à arriver !… Hâtez-vous ! »

Mais le seigneur Kéraban ne l’écoutait guère ! Après avoir ouvert la portière de la chaise, il était descendu sur la voie, suivi d’Ahmet et de Van Mitten, tandis que Bruno et Nizib se précipitaient hors du cabriolet.

Le seigneur Kéraban alla droit au cavalier, et saisissant son cheval par la bride :

« Voulez-vous me livrer passage ? s’écria-t-il, avec une violence qu’il ne pouvait plus contenir.

— Jamais !

— Nous allons bien voir !

— Voir ?…

— Vous ne connaissez pas le seigneur Kéraban !

— Ni vous le seigneur Saffar ? »

En effet, c’était le seigneur Saffar, qui se dirigeait vers Poti, après une rapide excursion dans les provinces du Caucase méridional.

Mais ce nom de Saffar, ce nom du personnage qui avait accaparé les chevaux du relais de Kertsch, voilà qui ne pouvait que surexciter la colère de Kéraban ! Céder à cet homme contre lequel il avait