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KÉRABAN-LE-TÊTU.

À ce moment même, le train passait avec la rapidité d’un express. Mais en passant, il heurta l’arrière-train de la chaise, qui n’avait pu être entièrement dégagée, il le mit en pièces, et disparut, sans que ses voyageurs eussent seulement ressenti le choc de ce léger obstacle.

Le seigneur Kéraban, hors de lui, voulut se jeter sur son adversaire ; mais celui-ci, poussant son cheval, traversa la voie, dédaigneusement, sans même l’honorer d’un regard, et, suivi de ses quatre cavaliers, il disparut au galop sur cette autre route, qui suit la rive droite du fleuve.

« Le lâche ! le misérable !… s’écriait Kéraban, que retenait son ami Van Mitten, si jamais je le rencontre !

— Oui, mais en attendant, nous n’avons plus de chaise de poste ! répondit Ahmet, en regardant les restes informes de la voiture rejetés hors de la voie.

— Soit ! mon neveu, soit ! mais je n’en ai pas moins passé, et passé le premier ! »

Cela, c’était du Kéraban tout pur.

En ce moment, quelques Cosaques, de ceux qui sont chargés en Russie de surveiller les routes, s’approchèrent. Ils avaient vu tout ce qui était arrivé à la barrière du railway.