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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Ce sera quarante paras… dit le chef de police.

— Quarante coups de bâton ! » s’écria le seigneur Kéraban, dont l’irritation était au comble.

Mais, au moment où il se dirigeait vers l’échelle de Top-Hané, les gardes l’entourèrent, et il dut revenir sur ses pas.

« Laissez-moi ! criait-il, en se débattant. Que pas un de vous ne me touche, même du bout du doigt ! Je passerai, par Allah ! et je passerai sans qu’un seul para sorte de ma poche !

— Oui, vous passerez, mais alors ce sera par la porte de la prison, répondit le chef de police, qui s’animait à son tour, et vous payerez une belle amende pour en sortir !

— J’irai à Scutari !

— Jamais, en traversant le Bosphore, et, comme il n’est pas possible de s’y rendre autrement….

— Vous croyez ? répondit le seigneur Kéraban, les poings serrés, le visage porté au rouge apoplectique. Vous croyez ?… Eh bien, j’irai à Scutari, et je ne traverserai pas le Bosphore, et je ne payerai pas…

— Vraiment !

— Quand je devrais… oui !… quand je devrais faire le tour de la mer Noire.