Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

183
KÉRABAN-LE-TÊTU.

été dans ce pays de l’Orient, où tous les rêves de ce monde se transforment en réalités dans l’autre ! Ce qu’allait être cette fête donnée en l’honneur du Prophète, il serait plus facile au pinceau de le représenter, en employant tous les tons de la palette, qu’à la plume de le décrire, même en empruntant les cadences, les images, les périodes des plus grands poètes du monde !

« La richesse est aux Indes, dit un proverbe turc, l’esprit en Europe, la pompe chez les Ottomans ! »

Et ce fut réellement au milieu d’une pompe incomparable que se déroulèrent les péripéties d’une poétique affabulation, à laquelle les plus gracieuses filles de l’Asie Mineure prêtèrent le charme de leurs danses et l’enchantement de leur beauté. Elle reposait sur cette légende, imitée de la légende chrétienne, que, jusqu’à sa mort, arrivée en l’an dixième de l’Hégire, — six cent trente-deux ans après l’ère nouvelle, — ce paradis était fermé à tous les fidèles, endormis dans le vague des espaces, en attendant l’arrivée du Prophète. Ce jour-là, il apparaissait à cheval sur « el-borak », l’hippogriffe qui l’attendait à la porte du temple de Jérusalem ; puis, son tombeau miraculeux, quit-