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KÉRABAN-LE-TÊTU.

quelques absences inexplicables, pendant lesquelles il devançait la caravane, le soin qu’il prenait de se tenir toujours à l’écart, aux heures de halte, sous prétexte de préparer les campements, des regards singuliers, suspects même, jetés sur Amasia, une surveillance qui semblait plus spécialement porter sur la jeune fille, tout cela n’était pas pour rassurer Ahmet. Aussi ne perdait-il pas de vue ce guide, accepté à Trébizonde sans que l’on sût trop ni qui il était, ni d’où il venait. Mais son oncle Kéraban n’était point homme à partager ses craintes, et il eût été difficile de lui faire admettre pour réel ce qui n’était encore qu’à l’état de pressentiment.

« Eh bien, Ahmet ? redemanda Kéraban, avant de prendre un parti sur la nouvelle proposition du guide, j’attends ta réponse ! Que penses-tu de cet itinéraire ?

— Je pense, mon oncle, que, jusqu’ici, nous nous sommes bien trouvés de suivre les bords de la mer Noire, et qu’il y aurait peut-être imprudence à les abandonner.

— Et pourquoi ! Ahmet, puisque notre guide connaît parfaitement ces routes de l’intérieur qu’il nous propose de suivre ? D’ailleurs, l’économie de temps en vaut la peine !