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KÉRABAN-LE-TÊTU.

pectes ! répondit Ahmet. Le connaissez-vous, mon oncle ? Non ! À Trébizonde, il est venu s’offrir pour vous conduire jusqu’au Bosphore ! Vous avez accepté ses services, sans même savoir qui il était ! Nous sommes partis sous sa direction…

— Eh bien, Ahmet, il a suffisamment prouvé qu’il connaissait ces chemins de l’Anatolie, ce me semble !

— Incontestablement, mon oncle !

— Cherches-tu une discussion, mon neveu ? demanda le seigneur Kéraban, dont le front commença à se plisser avec une persistance quelque peu inquiétante.

— Non, mon oncle, non, et je vous prie de ne voir en moi aucune intention de vous être désagréable !… Mais, que voulez-vous, je ne suis pas tranquille, et j’ai peur pour tous ceux que j’aime ! »

L’émotion d’Ahmet était si visible, pendant qu’il parlait ainsi, que son oncle ne put l’entendre sans en être profondément remué.

« Voyons, Ahmet, mon enfant, qu’as-tu ? reprit-il. Pourquoi ces craintes, au moment où toutes nos épreuves vont finir ! Je veux bien convenir avec toi,… mais avec toi seulement !… que j’ai fait un coup de tête en entreprenant ce voyage insensé !